Ben Smith, PDG d’Air France-KLM, s’est récemment exprimé sur les défis auxquels la compagnie aérienne fait face en raison des réglementations fiscales et environnementales imposées par la France et l’Union européenne. Dans des interventions relayées par plusieurs médias, notamment Le Parisien et Les Échos, il a dénoncé des mesures qu’il juge pénalisantes pour la compétitivité du groupe franco-néerlandais.
Une hausse de la taxe sur les billets d’avion jugée « irresponsable »
Dans une interview exclusive accordée au Parisien le 19 janvier 2025, Ben Smith a vivement critiqué la proposition du gouvernement français d’augmenter la taxe sur les billets d’avion. Il a qualifié cette mesure d’« irresponsable », estimant qu’elle aura des conséquences directes sur l’activité d’Air France-KLM : « Moins de lignes, moins de croissance, donc moins d’embauches. » Selon lui, cette taxe, ajoutée aux charges fiscales déjà élevées en France, désavantage la compagnie face à ses concurrents internationaux, notamment ceux opérant depuis des hubs à faible coût comme Turkish Airlines. Ben Smith a souligné que les réglementations et surcharge fiscale risque de freiner le développement économique de la compagnie et, par extension, de l’emploi en France.
Réglementations, la mise en garde de Ben Smith
Le 2 juin 2025, Ben Smith a amplifié son discours lors d’une intervention rapportée par Les Échos. Intitulée « Nous mettons en péril ce que nous avons construit », sa prise de parole a été qualifiée de « coup de gueule » par plusieurs observateurs. Il a dénoncé les contraintes réglementaires et fiscales imposées par la France et l’Europe, qui, selon lui, placent Air France-KLM dans une position défavorable face à la concurrence étrangère. « Face à la concurrence croissante des compagnies étrangères, nous devons pouvoir lutter à armes égales », a-t-il déclaré, pointant du doigt des compagnies comme Turkish Airlines, qui bénéficient d’un modèle économique plus flexible grâce à des coûts d’exploitation moindres.
Ben Smith a également critiqué les accusations de « greenwashing » portées contre l’industrie aéronautique, tout en reconnaissant des maladresses dans la communication du secteur sur ses efforts de décarbonation. Il a insisté sur l’engagement d’Air France-KLM à réduire ses émissions, notamment via l’utilisation de carburants d’aviation durables (SAF) et le renouvellement de la flotte avec des appareils moins polluants comme les Airbus A350 et Boeing 787. Cependant, il a averti que sans un soutien politique et fiscal adéquat, ces investissements risquent d’être compromis.
Des tensions avec Aéroports de Paris
Un autre point de friction mis en lumière par Ben Smith concerne les relations avec Aéroports de Paris (ADP). Dans son entretien avec Le Parisien, il a déploré le manque de places de parking pour les avions à l’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle, une critique qu’il avait déjà formulée en avril 2024. Cette sortie a provoqué une réponse immédiate d’Augustin de Romanet, PDG d’ADP, qui a jugé les propos de Smith « inappropriés » et a défendu la collaboration entre les deux entités. Ce différend illustre les tensions récurrentes entre Air France-KLM et son principal opérateur aéroportuaire, qui partagent pourtant l’État français comme actionnaire commun.
Ben Smith et sa vision stratégique pour l’avenir malgré les réglementations
Malgré ces défis, Ben Smith reste confiant dans la stratégie d’Air France-KLM. Depuis son arrivée à la tête du groupe en 2018, il a orchestré une transformation profonde, marquée par une modernisation de la flotte, une stabilisation des relations sociales et un retour à la rentabilité après les pertes colossales de la crise du Covid-19. En 2023, le groupe a enregistré un chiffre d’affaires de 30 milliards d’euros et un résultat d’exploitation de 1,7 milliard d’euros, des performances historiques.
Ben Smith mise également sur des partenariats stratégiques, comme celui avec CMA CGM dans le fret aérien, et explore des opportunités de consolidation en Europe, notamment avec un intérêt pour TAP Air Portugal en raison de son positionnement sur le marché transatlantique.
Les récentes déclarations de Ben Smith reflètent une frustration croissante face à un environnement et des réglementations qu’il juge défavorable à la compétitivité d’Air France-KLM. Tout en réaffirmant son engagement pour une aviation plus durable, il appelle à une harmonisation des règles fiscales et environnementales à l’échelle internationale pour permettre à la compagnie de rivaliser avec ses concurrents. Ces prises de position, largement relayées sur les réseaux sociaux et dans la presse, soulignent les défis structurels auxquels le secteur aérien européen est confronté, tout en mettant en lumière la détermination de Ben Smith à défendre les intérêts du groupe Air France-KLM.