19 novembre 2025
Grève contrôle aerien contrômeurs

Tour de contrôle © Domaine Public

Les surcoûts de la grève des contrôleurs en juillet 2025

La grève des contrôleurs aériens français, qui s’est déroulée les 3 et 4 juillet 2025, a provoqué une onde de choc dans le secteur aérien européen…

La grève des contrôleurs aériens français, qui s’est déroulée les 3 et 4 juillet 2025, a provoqué une onde de choc dans le secteur aérien européen, avec des conséquences financières et opérationnelles majeures. Selon Eurocontrol, l’organisme intergouvernemental chargé de la surveillance du trafic aérien, ce mouvement social a engendré un coût total estimé à 120 millions d’euros pour les compagnies aériennes européennes, dont 47 millions d’euros attribués aux retards et 73 millions d’euros aux annulations de vols.

Juillet 2025, une grève des contrôleurs aux répercussions massives

Le mouvement, initié par deux syndicats minoritaires, l’UNSA-ICNA (17 % des voix) et l’USAC-CGT (16 %), a mobilisé environ 26 % des contrôleurs aériens, soit 272 agents sur un millier en service le 3 juillet, et 251 le 4 juillet. Ces deux jours de grève, coïncidant avec le début des vacances scolaires, ont entraîné l’annulation de 933 vols le jeudi et 1 125 le vendredi en France, principalement dans les aéroports parisiens (Charles-de-Gaulle, Orly) et à Nice. À l’échelle européenne, ce sont 1 500 vols qui ont été supprimés, affectant près de 300 000 passagers.

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Les compagnies aériennes, comme Ryanair, qui a annulé 400 vols impactant 70 000 passagers, et Air France, contrainte d’adapter son programme de vols, ont subi des pertes financières significatives. Les retards, quant à eux, ont cumulé près de 500 000 minutes à l’échelle européenne, touchant 33 000 trajets commerciaux, y compris des vols survolant l’espace aérien français sans atterrir en France.

Les causes du mouvement social

Les syndicats à l’origine de la grève dénoncent plusieurs problèmes structurels : un sous-effectif chronique, des outils obsolètes, et un management qualifié de « toxique », incompatible avec les exigences de sécurité et de sérénité du métier. Un point de friction majeur est la réforme visant à instaurer un pointage des contrôleurs à la prise de poste, suite à un incident grave survenu à l’aéroport de Bordeaux fin 2022, où deux avions avaient failli entrer en collision en raison d’une organisation défaillante. Cette mesure, incluant des pointeuses biométriques ou des badgeuses fixes, est perçue par les syndicats comme une tentative d’« infantilisation » des agents.

Le ministre des Transports, Philippe Tabarot, a qualifié les revendications des grévistes d’« inacceptables », soulignant qu’une augmentation salariale de 7 % avait déjà été accordée l’année précédente. Le Premier ministre, François Bayrou, a dénoncé une grève « choquante », accusant les contrôleurs de « prendre en otage » les vacanciers en juillet 2025.

Grève des contrôleurs en juillet 2025, des surcoûts aux conséquences multiples

Les surcoûts engendrés par la grève des contrôleurs en juillet 2025ne se limitent pas aux pertes directes liées aux annulations et retards. Les compagnies aériennes doivent également prendre en charge l’assistance aux passagers (repas, boissons, communications) et leur réacheminement sur d’autres vols, conformément à la réglementation européenne. Cependant, en raison du caractère « exceptionnel » de la grève, aucune indemnisation financière n’est due aux passagers pour les retards ou annulations, ce qui accroît leur frustration.

À l’aéroport de Nice, deuxième hub européen pour l’aviation d’affaires, 50 % des vols commerciaux et la quasi-totalité des vols de jets privés ont été annulés. À Paris, les aéroports de Charles-de-Gaulle et Orly, qui accueillent 350 000 passagers par jour en période estivale, ont vu 25 à 40 % de leurs vols supprimés. Ces perturbations ont également affecté des vols internationaux survolant l’espace aérien français, pénalisant des passagers voyageant entre des destinations comme le Royaume-Uni et l’Espagne.

Une situation structurelle préoccupante

Au-delà des surcoûts immédiats, la grève met en lumière des défis structurels du contrôle aérien français. Eurocontrol pointe un retard dans la modernisation des infrastructures, avec près de 80 tours de contrôle en France contre une seule, hautement automatisée, en Suède. La France concentre également 32 % des retards de gestion du trafic aérien en Europe, deux fois plus que l’Allemagne, en raison de sous-effectifs et de capacités insuffisantes.

Perspectives et réactions

La grève a suscité une vague d’indignation, tant de la part des autorités que des usagers. Un contrôleur aérien, membre du syndicat majoritaire SNCTA (60 % des voix), qui n’a pas participé au mouvement, a qualifié la grève d’« inacceptable », estimant qu’elle nuit à l’image de la profession. Sur les réseaux sociaux, des passagers ont exprimé leur colère, dénonçant des contrôleurs « surpayés » (avec un salaire brut moyen de 96 000 euros par an, selon un rapport du Sénat d’octobre 2024) qui « prennent les vacanciers en otage ».

Pour l’avenir, aucune nouvelle perturbation n’était prévue immédiatement après le 4 juillet, mais les syndicats n’ont pas exclu de nouvelles actions si leurs revendications ne sont pas entendues. La DGAC, de son côté, défend un plan de recrutement ambitieux pour remédier au sous-effectif, mais la tension reste vive entre les autorités et les syndicats minoritaires.

La grève des contrôleurs aériens des 3 et 4 juillet 2025 a imposé un lourd tribut au secteur aérien, avec un coût de 120 millions d’euros et des perturbations majeures pour des centaines de milliers de passagers. Alors que les syndicats pointent des problèmes structurels légitimes, le timing de la grève, en plein début des vacances, a exacerbé les tensions et les critiques. Ce mouvement social révèle la nécessité urgente d’une modernisation du contrôle aérien français et d’un dialogue constructif pour éviter que de telles crises ne se reproduisent à l’avenir.

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