Formation CCA – Matériel de survie : tout ce qu’un futur membre d’équipage doit connaître
Lorsqu’un avion survole des régions isolées ou effectue de longs trajets transocéaniques, la préparation à une éventuelle évacuation ne relève pas seulement de la réglementation : c’est une question de survie.
Dans le cadre de la formation Cabin Crew Attestation (CCA), le module « Matériel de survie » apprend aux futurs hôtesses et stewards à identifier, vérifier et utiliser les équipements d’urgence prévus par la législation européenne EU-OPS.
Cette connaissance n’est pas théorique : elle peut sauver des vies. Voici une présentation complète des principaux dispositifs enseignés en formation, accompagnée de rappels réglementaires et de conseils pratiques.
1. Les principes réglementaires
Selon l’OPS 1.830, chaque canot de sauvetage doit être équipé d’un lot de survie adapté au type de vol.
De plus, l’exploitant ne peut pas opérer au-dessus de zones où les recherches seraient difficiles (régions polaires, océans, déserts, jungles) sans emporter un équipement additionnel dimensionné en fonction du nombre de passagers.
L’article EU OPS 1.630 précise que certains éléments pyrotechniques (fusées, fumigènes, etc.) listés à l’OPS 1.835 doivent être disponibles même s’ils ne figurent pas dans une approbation spécifique. Ces textes constituent la base des examens CCA et encadrent les contrôles des autorités aéronautiques.
2. Contenu du lot de survie standard
Un kit de survie embarqué dans un canot comprend plusieurs catégories d’équipement : hydratation, premiers secours, signalisation et outils. Pour chaque groupe de quatre personnes à bord, on doit trouver au minimum :
- 500 ml d’eau potable par personne, en emballages scellés.
- Un couteau robuste, souvent à lame fixe, pour couper cordages ou ceintures.
- Une trousse de premiers secours avec pansements, antiseptiques, gants, et médicaments de base.
- Un jeu de bandes sol/air, c’est-à-dire des panneaux réfléchissants ou colorés permettant de signaler la position à un avion de recherche.
Ces articles sont placés dans des contenants étanches et doivent être régulièrement vérifiés avant chaque vol. La visite pré-vol fait partie des contrôles enseignés en formation CCA.

3. Équipements spécifiques aux vols transpolaires
Les routes qui traversent l’Arctique ou d’autres zones très froides exigent du matériel supplémentaire :
- Dispositif pour faire fondre la neige (réchaud ou pastilles chauffantes) afin de produire de l’eau potable.
- Pelle à neige et scie à neige pour aménager un abri ou dégager un canot.
- Sacs de couchage pour au moins un tiers des passagers, et couvertures isothermes pour les autres, ou couvertures thermiques pour l’ensemble des occupants.
- Combinaison polaire pour chaque membre d’équipage, indispensable pour éviter l’hypothermie pendant les premières heures de survie.
Ces ajouts illustrent la logique de la réglementation : anticiper les conditions extrêmes et protéger la santé des survivants avant l’arrivée des secours.
4. Moyens pyrotechniques de signalisation
En situation d’urgence, la capacité à signaler sa position est déterminante. Le CCA détaille l’usage de plusieurs dispositifs pyrotechniques, chacun ayant ses caractéristiques et précautions.
a. La fusée parachute
- Puissance et portée : visible jusqu’à 25 km, elle projette une lumière rouge intense à environ 400 m d’altitude.
- Durée : combustion de 30 secondes.
- Particularité : équipée d’un petit parachute qui ralentit la descente et prolonge la visibilité.
- Utilisation :
- Vérifier le sens de tir indiqué par les flèches.
- Se placer dos au vent, passagers derrière soi.
- Retirer les capuchons supérieurs et inférieurs.
- Tenir la fusée à 45° vers le haut, bras tendu.
- Actionner la gâchette ou enlever la goupille selon le modèle.
- Vérifier le sens de tir indiqué par les flèches.
⚠️ Attention : en cas d’amerrissage, tirer la fusée loin du canot pour éviter tout risque d’incendie.
b. Le combiné jour/nuit
Ce dispositif réunit deux fonctions :
- Jour : fumigène orange, portée de 10 km, combustion 30 s.
- Nuit : feu de bengale rouge, portée de 25 km, combustion 15 s.
Son extrémité choisie (jour ou nuit) est identifiable au toucher ou par un repère phosphorescent. Le mode d’activation diffère légèrement selon les modèles, mais la position dos au vent reste impérative.
c. Le stylo lance-fusée
- Description : petit tube de la taille d’un stylo, contenant plusieurs mini-fusées rouges.
- Performance : hauteur de tir 30 m, durée 3 à 5 s.
- Avantage : compact, souvent inclus dans les gilets de sauvetage PNC/PNT.
Pour l’utiliser, il faut armer le percuteur, visser la fusée après avoir retiré le bouchon de protection, puis relâcher le cran d’armement. En cas d’interruption, replacer le percuteur en position de sûreté.
5. Moyens de signalisation électronique
Outre les fusées et fumigènes, la balise de détresse ADT 06 S joue un rôle essentiel dans la localisation des survivants.
- Composants : antenne souple, flotteur, émetteur, cordon de retenue et pile sèche valable deux ans.
- Fréquences d’émission :
- 121,5 MHz (détresse civile),
- 243 MHz (détresse militaire),
- 406 MHz (liaison satellite COSPAS-SARSAT).
- 121,5 MHz (détresse civile),
- Autonomie : plus de 60 heures en continu.
Vérification pré-vol
L’équipage doit confirmer :
- la présence de la balise selon le plan d’armement,
- l’état général (aucune fissure, antenne intacte),
- l’interrupteur sur OFF,
- la validité de la pile.
Procédure d’utilisation
- Sur terre : installer la balise dans un endroit dégagé et surélevé, libérer l’antenne, basculer l’interrupteur sur ON, puis maintenir l’émetteur en position verticale. L’émission démarre automatiquement après environ 50 secondes.
- En mer : libérer l’antenne, attacher la cordelette au canot, placer l’interrupteur sur ARMED et mettre la balise à l’eau. Le capteur d’humidité déclenche l’émission automatiquement.
Cette balise est aujourd’hui l’outil le plus fiable pour permettre une localisation rapide par les services de recherche et de sauvetage.
6. Bonnes pratiques enseignées en formation
La formation CCA ne se limite pas à mémoriser des listes d’équipements. Les instructeurs – souvent d’anciens membres d’équipage – insistent sur :
- La communication en situation d’urgence : organiser les passagers, donner des consignes claires et rassurantes.
- La gestion du temps : savoir quand déclencher les signaux (fusées, fumigènes) pour éviter l’épuisement des ressources.
- La protection contre les éléments : montage d’abris de fortune, rationnement de l’eau, techniques pour rester groupés et visibles.
- La sécurité personnelle : manipulation prudente des produits pyrotechniques, port des gants, positionnement correct pour éviter les brûlures.
Ces compétences sont évaluées lors de l’examen théorique et pratique du CCA.
7. Importance pour les passagers et l’équipage
Même si les accidents nécessitant l’utilisation de ce matériel sont rares, les compagnies aériennes et les autorités considèrent que la préparation sauve des vies.
Une fusée tirée au bon moment ou une balise correctement activée peut réduire de plusieurs heures, voire de plusieurs jours, le délai d’intervention des secours.
Pour les candidats au CCA, maîtriser ces procédures signifie non seulement réussir l’examen, mais aussi se sentir prêt à protéger des dizaines de passagers dans une situation critique.
Dernières Informations et Prochaine Session
La connaissance du matériel de survie enseignée dans la formation CCA dépasse largement le cadre académique. Chaque item – de la simple bouteille d’eau à la balise de détresse – répond à une exigence précise et peut faire la différence entre un incident maîtrisé et une tragédie.
Que vous prépariez votre certificat ou que vous soyez déjà en poste, entretenir vos réflexes et rester attentif aux vérifications pré-vol est essentiel. En cabine, la sécurité n’est jamais une option : elle commence par une préparation rigoureuse et la capacité à utiliser, au bon moment, un équipement que l’on espère ne jamais avoir à déployer.
