Il y a peu le climat social d’Air France s’est tendu suite à l’annonce de l’étude d’un projet connu sous le nom de rise and fly.
Le concept était assez simple, vendre aux enchères les dernières places disponibles à bord d’un avion pour augmenter les recettes de la compagnie aérienne. Face à cette idée les syndicats ont vu une attaque en règle des GP et se sont organisés rapidement pour mettre la pression sur une direction qui n’a sans doute pas les moyens de voir les personnels se mobiliser en ce moment.
Les GP concernant l’ensemble des personnels, et pas uniquement les hôtesses de l’air et stewards,c’est une grève générale qui pouvait être décidé et ça n’est pas envisageable pour Air France qui sort tout juste de la crise et dont l’équilibre est assez précaire.
Lyle Jover, le PDG de la société qui propose ce service, est revenu sur ce dernier et son ressenti dans une lettre ouverte qu’il nous a fait parvenir, la voici ‘PS, dans le texte d’où certains termes un peu inappropriés):
Chers employés d’Air France et son Union,
Vous avez probablement entendu parler des discussions récentes concernant le projet ‘’de places de vol disponibles’’ qui a suscité de nombreuses questions au sein de la communauté Air France. Je m’appelle Lyle et je suis le Directeur Général de la société fournissant cette technologie : le “MyCape” Inc. Comme vous l’avez peut-être entendu, le projet a été mis à l’écart indéfiniment pour des «raisons structurelles». Ce projet visait à créer un avantage commercial pour Air France contre les transporteurs low-cost, sans compromettre les avantages sociaux. Je comprends l’importance car comme vous, j’ai bénéficié de ces billets toute ma vie.
Je suis Philippin. Notre société est basée aux États-Unis, et notre équipe est implantée partout à travers le monde (Brésil, Canada, Angleterre, France et Philippines). Le but de cette lettre n’est pas d’aller à l’encontre du syndicat d’Air France, mais plutôt de communiquer mon histoire et expliquer pourquoi nous avons créé et mis en place cette technologie.
Mes Parents ont travaillé et travaillent encore avec une compagnie aérienne depuis plus de 25 ans. Mon père est steward, et ma mère travaille dans la restauration. J’ai donc eu l’avantage de voler en ‘’stand-by’’pendant toute ma vie, et aujourd’hui encore. Je me souviens avoir eu l’habitude de marcher dans les couloirs de leur bureau, alors que j’étais encore enfant, me sentant reconnaissant et fier de faire partie de quelque chose de vraiment grand ; une organisation qui représente fièrement les valeurs de son pays à travers le monde.
Tout au long de ces années, j’ai appris toutes les subtilités de voyager en “stand-by” : s’habiller décemment, courir entre les différents comptoirs de sécurité afin de ne pas manquer son vol, et même sortir de l’aéroport extrêmement triste, après un refus d’embarquement …vraiment tout.
Cependant, au cours de cette même période, j’ai constaté la popularité croissante des transporteurs à bas prix. J’ai remarqué m’être moins souvent heurté à un refus d’embarquement, j’observe aussi les gens qui m’entourent, chaque fois qu’ils parlent de plans de voyage, j’entends moins parler de la compagnie aérienne que j’aimais et qui me tient à coeur mais beaucoup plus des transporteurs dits “low-cost”.
Bien sûr, tout comme la plupart d’entre nous, je ne pouvais vraiment rien faire à ce sujet… jusqu’au jour où je me suis rendu à L’aéroport d’Amsterdam Schiphol et que l’avion était à moitié vide. James, un de mes amis, avait voulu me rejoindre lors de ce voyage. Il était même disposé à payer une partie du billet , mais ne pouvant pas s’acquitter du plein tarif, il a été contraint de rester chez lui. La compagnie aérienne aurait pu gagner de l’argent grâce à James, mais ce ne fut pas le cas.
Depuis, je me suis donné une mission : trouver un moyen d’aider les transporteurs historiques à mieux se battre contre les transporteurs à bas prix.
J’ai utilisé mes connaissances en ingénierie (que j’ai obtenues lors de mon master), ainsi que mon expérience acquise au sein d’entreprises technologiques tout en étudiant la gestion des revenus des compagnies aériennes afin de trouver une solution.
En créant “MyCape”, j’ai toujours pensé en premier lieu que, quelle que soit la solution, cela ne devrait pas impacter les avantages sociaux.
Nous avons récemment signé un accord de partenariat avec votre compagnie. Ainsi nous avons fourni une plate-forme et une application mobile étiquetées “Air France”. L’objectif étant d’aider Air France à vendre des tickets à des personnes comme James tout en empêchant les hommes d’affaires de prendre ces sièges à bas prix à la dernière minute.
Je ne sais pas ce qui a été communiqué au sujet du service “MyCape”, mais je souhaite préciser qu’ils ne retirent en aucun cas les tickets “ Stand-BY’ destinés aux employés.
Nous utilisions les «places libres » comme un terme marketing afin de rendre cela attrayant pour le consommateur. Il s’agit d’une simple application d’offres de billets en ligne . Nous l’avons conçue de telle sorte que la compagnie aérienne et ses employés maîtrisent complètement le processus : ils choisissent les vols et le nombre de sièges, donnent la priorité aux employés et fixent des limites de prix. La compagnie aérienne peut se concentrer sur certains itinéraires et en exclure d’autres , c’est à son bon vouloir. Ce produit donne un réel avantage commercial à Air France tout en respectant les accords avec les employés.
Nous allons nous rapprocher de plusieurs compagnies aériennes dans les mois à venir, et bien d’autres sont intéressées. Ceci est nouveau, et nous allons tous nous familiariser avec ces nouveautés. J’ai appris des gestionnaires de revenus des compagnies aériennes que, pour réussir, ils doivent essayer de remplir les sièges avec une variété de clients payants différents. Le mélange est complexe : vous complèterez un avion trop tôt et vous perdrez l’opportunité de vendre des billets “premium” à la dernière minute, vous attendrez trop longtemps et décollerez avec des sièges vides. Nous le comprenons et nous sommes là afin d’aider les compagnies à mieux gérer ces défis.
Je suis conscient que lorsque nous travaillons pour une compagnie aérienne, les avantages en nature liés aux voyages sont primordiaux. C’est pourquoi, il est hors de question de les supprimer.
Aujourd’hui, dans cette industrie du transport aérien, les compagnies doivent compléter leurs avions à une moyenne de 75% afin d’atteindre l’équilibre d’exploitation.
Si vous êtes à la place du revenu manager, il est extrêmement difficile de récupérer les pertes résultant d’un vol peu performant donc de trouver des revenus supplémentaires et ainsi d’atteindre la fameuse barre des 80%.
C’est pourquoi cette question sera toujours d’actualité, mais nous avons la solution en main. Si ce problème peut être résolu, cela donnera un avantage considérable à Air France de pouvoir rivaliser avec les compagnies à bas prix. “My cape” peut potentiellement aider à créer plus de vols, d’itinéraires, d’emplois et peut renforcer les avantages, ainsi que bien d’autres bénéfices collatéraux qui peuvent résulter d’une compagnie aérienne plus forte.
Nous espérions avoir l’honneur qu’Air France soit notre premier client. Nous n’aurons probablement pas cette opportunité, car nous sommes en train de mettre en œuvre “My Cape” chez d’autres compagnies aériennes. Nous comprenons comment “My Cape” aurait pu être considéré comme un outil permettant de supprimer certains bénéfices aux salariés d’Air France. Nous sommes sincèrement désolés si cela a été le cas.
J’espère que ce message vous aidera à comprendre notre société ainsi que notre vision afin de jouir conjointement des bénéfices que pourra offrir un partenariat réussi.
Depuis que nous avons commencé à discuter et créer cette forte relation professionnelle avec Air France, l’hiver dernier nous avons été impressionnés et fortement inspirés par l’énergie et l’esprit d’innovation que nous avons rencontré je suis profondément reconnaissant pour tout. Je vous souhaite à vous, les employés et Air France le meilleur pour l’avenir.
Votre partenaire,
Lyle Jover
Co-fondateur et CEO
MyCape, Inc.
New York, États-Unis
Plusieurs réflexions :
– Il faut croire que la compagnie aérienne de son papa est très généreuse puisqu’il bénéficie toujours des facilités de transport ce qui n’est pas le cas pour Air France après 26 ans.
(ou alors ce Monsieur est encore jeune et tant mieux 🙂
– Ce monsieur n’a strictement rien inventé puisque les enchères ont déjà été testées par Air France sur des vols long-courrier il y a plusieurs années,
– S’adresser aux employés d’Air France en passant par ce site internet (aussi sérieux soit-il), c’est bien mal connaitre les règles de politesse
– Les GP représentent une partie du chiffre d’affaire importante.
Mais quelle part serait revenue à Air France une fois les taxes APT acquittées sur un billet vendu aux enchères ? Peut être bien moins que sur un billet GP.
Même la direction a convenu que sur l’Europe notamment, les billets clients étaient déjà moins chers que les GP.
– Il faut croire que son idée n’est pas si spectaculaire, je n’ai pas vu d’autres compagnies souscrire à cette offre à l’heure actuelle.
– Se justifier, c’est répondre à une question qui n’a pas été posée !
Update :
Pour revenir sur le point 3 : Cette lettre est disponible sur plusieurs sites internet, j’avais mal compris en pensant qu’elle avait été envoyée à PNC CONTACT. mea culpa.
Et une censure de plus…