Le futur Airbus présidentiel A 330, désormais peint aux couleurs de la France, effectue cette semaine un tour du monde passant par plusieurs départements ou territoires d’outre-mer. Serait-ce un voyage de récompense pour les techniciens de Sabena Technics, de Thales ou de la Délégation générale de l’armement, qui ont passé plus d’un an sur ce chantier complexe de transformation d’un appareil de ligne civil en un avion de chef d’État ? Pas vraiment, cette cinquantaine d’heures de vol est entrecoupée de brèves escales qui ne laissent pas le temps d’aller à la plage.
Ce tour du monde entre dans le cadre des essais prévus avant de remettre ces jours-ci l’avion à son client, le Palais de l’Élysée. Ce dernier n’en a pas encore les clés et demande à ses experts de vérifier que tout fonctionne parfaitement à bord avant livraison. C’est l’état des lieux, en quelque sorte. Tout doit être parfait. Ensuite, l’armée de l’air en aura la charge et en assumera les coûts, fournissant, entre autres, des navigants (pilotes et hôtesses) militaires et le stationnement sur la base d’Évreux.
Des télécommunications sans coupure
Ce périple doit démontrer que l’avion présidentiel sera opérationnel n’importe où dans le monde, ce qui comporte un double aspect. L’A 330 doit d’abord transporter le président de la République et sa délégation en toute sécurité, même dans un environnement qui peut être hostile, d’où la présence d’un système anti-missiles. Autre différence avec un avion civil, l’appareil tricolore doit, en plus, à 12.000 mètres d’altitude, offrir les mêmes facilités de télécommunication (téléphone, télex, fax, transmission de données, tout cela crypté) que dans les bureaux de la rue du Faubourg Saint-Honoré.
La permanence de l’État et la dissuasion nucléaire passent par cette exigence. D’où la nécessité de vérifier que, partout autour du globe, les liaisons et les transmissions de données à haut débit fonctionnent bien. Le défi est complexe car des zones d’ombre existent, que ce soit pour les transmissions radio ou pour les liaisons par satellite. On l’a vu lors du crash du vol Rio-Paris, le milieu de l’Atlantique-Sud est mal couvert par les relais radio HF d’Amérique ou d’Afrique. Près des pôles, les liaisons par satellite ne sont pas parfaites. Les compagnies aériennes commencent tout juste à proposer internet à bord de leurs avions long-courriers.
Un avion blanc en uniforme
Après La Réunion, l’A 330, souvent surnommé Air Sarko One, a fait escale en Nouvelle-Calédonie, puis en Polynésie, avant de revenir en métropole par la Martinique. Ces arrêts en terres françaises (où l’avion présidentiel reviendra tôt ou tard avec son passager de marque), ne sont pas anodins. L’A 330 bleu-blanc-rouge, malgré ses airs d’avion civil, porte l’uniforme. Il est immatriculé comme un appareil militaire.
Contrairement à un jet commercial qui doit produire un plan de vol et disposer de droits de trafic pour atterrir dans la plupart des pays, “l’Air Sarko One” pourrait être avion non grata ici et là, ou au moins nécessiter des accords diplomatiques. La France les obtient généralement sans problème. Néanmoins s’arrêter à Nouméa ou à Fort-de-France reste beaucoup plus simple. Si le moindre problème se pose, les équipes des bases militaires peuvent apporter leur soutien technique, et des gendarmes peuvent surveiller l’avion au sol. Des économies substantielles de taxes d’atterrissage sont également réalisées grâce au choix de ces aéroports d’outre-mer.
Source: lepoint.fr