25 juillet 2025
steward plainte Air France

Un steward porte plainte contre Air France

Un steward, employé de la compagnie depuis une vingtaine d’années, a porté plainte contre Air France…

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En mai 2025, une nouvelle affaire judiciaire impliquant Air France a fait les gros titres, mettant en lumière une problématique encore peu reconnue dans le secteur aérien : le « syndrome aérotoxique ». Un steward, employé de la compagnie depuis une vingtaine d’années, a porté plainte contre Air France, accusant la compagnie de blessures involontaires dues à une exposition prolongée à un air contaminé à bord des avions. Cette affaire, révélée par des médias tels que Le Parisien et BFM Business, soulève des questions cruciales sur la qualité de l’air en cabine et la protection des personnels navigants.

Le « syndrome aérotoxique » : de quoi s’agit-il ?

Le steward qui a porté plainte contre Air France a une cinquantaine d’années, prénommé Marc (nom modifié pour préserver son anonymat), attribue trois malaises survenus en vol à ce qu’il qualifie de « syndrome aérotoxique ». Ce syndrome, dénoncé depuis plusieurs années par des associations comme l’Association des victimes du syndrome aérotoxique (Avsa), serait causé par la contamination de l’air pressurisé des cabines par des substances toxiques provenant des moteurs, notamment lors d’épisodes de dégagement de fumées. Les symptômes rapportés incluent des maux de tête, des vertiges, des troubles respiratoires et digestifs, pouvant aller jusqu’à des malaises graves.

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Selon l’Avsa, l’air respiré à bord de la quasi-totalité des avions de ligne est contaminé par des additifs toxiques contenus dans les huiles de lubrification des moteurs. Bien que ce phénomène soit documenté, le débat scientifique reste vif, l’Agence de sécurité sanitaire française ayant temporisé fin 2023 en estimant qu’il manquait des recherches approfondies pour établir un lien définitif entre ces expositions et les symptômes rapportés.

Une plainte après un premier classement sans suite

Marc a déposé une plainte avec constitution de partie civile en avril 2024, après le classement sans suite de sa première plainte en septembre 2023 par le parquet de Paris. Ce dernier avait jugé qu’il était « impossible d’établir un lien de causalité » entre les malaises du steward et le syndrome aérotoxique, en raison de l’absence de consensus scientifique. Déterminé à faire entendre sa cause, le steward a été auditionné le 22 mai 2025 par une juge d’instruction du pôle parisien environnement et santé publique, marquant l’ouverture d’une deuxième information judiciaire à Paris sur ce sujet.

Cette affaire n’est pas isolée. Une autre plainte, déposée en 2016 par un pilote d’easyJet, est également en cours d’examen par la même juge, avec une expertise judiciaire de 2022 suggérant un lien possible entre les expositions en vol et certaines altérations de santé. Par ailleurs, deux arrêts récents de la cour d’appel de Toulouse ont reconnu un lien potentiel entre les dégagements de fumée en cabine et ce syndrome, renforçant la crédibilité des plaintes des navigants.

Air France dans le déni ?

Sollicitée par l’AFP, Air France a déclaré n’avoir « pas connaissance d’une telle procédure », une réponse qui contraste avec l’ampleur médiatique prise par l’affaire. Le steward qui a porté plainte contre Air France, quant à lui, dénonce une « omerta » au sein de la compagnie et de la profession en général, estimant que les employeurs minimisent les risques pour éviter des coûts importants, comme l’installation de filtres d’air plus performants. Marc affirme vouloir défendre non seulement son cas, mais aussi celui de l’ensemble des personnels navigants, en réclamant des mesures de prévention renforcées.

L’Association du transport aérien international (IATA) soutient que les recherches n’ont pas établi de lien clair entre les symptômes rapportés et les conditions à bord, qualifiant certaines informations de « désinformation non fondée scientifiquement ». Cependant, des études, comme celle publiée en 2017 par l’Organisation mondiale de la santé, appellent à une reconnaissance urgente du syndrome comme maladie professionnelle.

Une affaire aux implications profondes

Cette plainte, relayée notamment sur X où des utilisateurs ont exprimé leur soutien au steward, met en lumière un problème systémique dans l’industrie aéronautique. Elle intervient dans un contexte où Air France fait déjà face à d’autres tensions sociales, comme la récente action de 4 000 hôtesses et stewards devant les prud’hommes de Bobigny pour des questions de rattrapage salarial lié au plan Transform 2015.

L’issue de cette affaire pourrait avoir des répercussions majeures, non seulement pour Air France, mais pour l’ensemble du secteur aérien. Une reconnaissance judiciaire du syndrome aérotoxique pourrait contraindre les compagnies à investir dans des technologies de filtration plus coûteuses et à revoir leurs protocoles de sécurité.

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