13 décembre 2024

Rép :Re: Réponse Air France

#129218
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Participant

    Hôtesses et stewards : les grands oubliés
    07-09-2011

    « Avec ce projet de base province, la direction répond à des revendications que nous avions formulées dès 2005/2006. » Edmond Mauduit est délégué CGT pour le personnel au sol de Air France. Des agents qui, à Marignane, assurent soit le pôle client avec les activités commerciales au comptoir, les enregistrements ou les litiges bagages, soit le pôle sur piste opérant le chargement et le tri des bagages. Ces revendications étaient celles de réouvertures de lignes en province, contestant le plan Blanc qui avait alors choisi de tout miser sur le hub Charles de Gaulle à Paris. « La direction avait alors délaissé un marché, laissant une place prise par les low cost. C’est le cas pour les lignes transversales, mais ça pourrait aussi le devenir pour le moyen courrier » explique Edmond Mauduit. Après s’être battu pour l’ouverture de lignes, le syndicat accueille donc avec bienveillance ce projet de baser dix nouveaux avions à Marseille pour desservir treize nouvelles destinations.
    Mais acquiescer au principe ne signifie pas un chèque en blanc pour la mise en œuvre. C’est ainsi que, neuf mois durant, syndicat et direction ont négocié sur les détails de la déclinaison sur Marseille. Pour le personnel au sol, « cela se fera sans sous-traitance », garantit Edmond Mauduit, avec vingt équivalents temps plein et non pas des augmentations de salaire pour le surplus de productivité mais « un accompagnement financier qui pourra ajouter de 150 à 180 euros au salaire ». Un accord spécifique à Marseille, où la CGT est majoritaire, que le syndicaliste analyse au-delà de son seul cadre professionnel. « Alors que partout, les gens se battent contre les fermetures, à Air France nous nous développons et créons de l’emploi », apprécie Edmond Mauduit. « Nous aurons ainsi un aéroport digne de ce nom qui ne fait pas dans le low cost, une compagnie maritime, l’Arbois, le TGV… Bref, le Medef n’aura plus d’argument pour dire que nous sommes une région sinistrée et devra s’employer à faire venir des investisseurs qui ne se cantonnent pas à construire des hôtels. »

    + 25% d’heures de vols
    mais seulement 5% de salaire en plus

    Pour le personnel navigant, la déclinaison est plus complexe. Si les pilotes ont trouvé un accord garantissant une augmentation salariale de 12,5% en contrepartie de l’augmentation de la productivité, hôtesses et stewards – les PNC, personnel navigant de cabine – sont plus à la peine. Ce personnel de cabine devrait assumer 25% de travail en plus en se contentant d’une augmentation de salaire de 5%. « C’est possible via la renégociation de deux chapitres de notre accord collectif », explique Sandrine Techer, déléguée de l’UGICT-CGT du personnel navigant, « en gros en développant l’utilisation du PNC et en jouant d’une rémunération non plus à l’heure mais à la journée ». Concrètement, les hôtesses seront désormais à trois et non plus quatre par A310. La pause entre deux vols est réduite de moitié, passant à une demi-heure, juste le temps d’avaler un sandwich avant de repartir. Jusque-là, une arrivée tardive après 23h30 déclenchait systématiquement un jour de repos, là cela ne se produira qu’avec un atterrissage après une heure du matin. Quelques exemples parmi d’autres qui montrent ce qui est à l’œuvre. Et c’est ainsi que deux conventions collectives très inégales pourraient désormais coexister : « c’est même un des enjeux de l’accord, qui, pour l’heure, n’a été signé que par l’UNAC. La direction n’a donc pas encore les 30% nécessaires à la validation de l’accord », précise la déléguée syndicale.
    Mais le principe est celui du volontariat. « L’intention de la direction n’est pas de reprendre des avantages acquis ou de forcer les gens à des retours en arrière mais au contraire d’offrir une opportunité à ceux qui le souhaitent, à ceux qui seront volontaires » assure Pierre-Henri Gourjeon, PDG de Air France-KLM lors de la présentation de la base Marseille à la chambre de commerce. Et d’être convaincu que « les personnes ayant fait le choix de vivre en Provence et qui sont dans des activités court et moyen-courriers vont probablement regarder ce projet avec beaucoup d’intérêt ».
    C’est notamment le cas de Fabrice. Embauché depuis les années 2000, il est désormais chef de cabine et travaille à l’international tout en vivant dans la périphérie marseillaise. Pour chaque réserve – sorte de garde en cas de personnel absent, à effectuer une fois par mois – il doit se rendre sur Paris et se loger à ses frais. Pour chaque vol, idem, avec selon l’heure de départ, la nécessité de partir la veille. Cette « décentralisation » donc, il l’attend depuis longtemps, estimant qu’elle lui fera économiser argent et énergie.

    Le volontariat à la peine

    Mais les « Fabrice » ne sont pas légion et la direction peine à trouver son quota de volontaires. « Les chiffres sont tenus secrets mais de ce qu’on en sait, moins de cent personnes se sont portées volontaires, sur 250 personnels navigants nécessaires », complète Sandrine Techer. Le personnel risque donc d’être trouvé via des embauches qui ont enfin été réouvertes après trois ans de non-recrutement. Et c’est ainsi que, sans accord signé, deux conventions pourraient coexister avec du personnel désormais recruté sur les bases les moins avantageuses pour les salariés. « Cela n’est pas dit mais cela peut être supposé pour les nouvelles embauches mais aussi pour les promotions », redoute la militante.
    « C’est un métier ludique, intéressant. Mais ce n’est pas un métier facile. Le rythme biologique n’est pas respecté, nous n’avons ni dimanche, ni jour férié… Et les dégradations des conditions de travail ne feront qu’empirer les choses. » Samuel est affilié au SNPNC-FO, syndicat chez le personnel navigant d’Air France. Pour lui, la chose est entendue : « ces bases province sont un miroir aux alouettes. Des gens s’y retrouveront peut-être, mais dans leur majorité, on va y perdre en condition de travail. »

    Reportage
    Angélique Schaller

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