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- 31 juillet 2009 à 13 h 07 min #85270
Inculpations en Belgique: la fin du « système Ryanair »?
Par Yannek | Journaliste free-lance en BelgiqueLe « système Ryanair », qui consiste à profiter de subventions publiques pour proposer des billets à prix réduit, a du plomb dans l’aide depuis la récente mise en examen de deux cadres de la compagnie low-cost. Le début de la fin d’un modèle économique atypique ?
L’Irlandais vient de relancer son OPA sur son concurrent local, Aer Lingus. Histoire de rassurer les investisseurs sur la santé de sa boîte.
Pourtant, si l’on regarde de près, la nouvelle offre est inférieure de moitié à celle de l’an dernier et les agences boursières ont déclassé une action qui dégringole depuis un an en demi, passant de 6,6 euros en avril 2007 à 2,76 euros le 2 décembre.
Surtout, les médias s’intéressent moins à la mise en examen, début novembre en Belgique, de deux cadres supérieurs de Ryanair pour leur implication dans un savant montage de sociétés écran off-shore.
Un événement qui pourrait marquer la descente aux enfers du juteux business qui a rendu son PDG, Michael O’Leary, 400 fois millionnaire en euros en 17 ans. Car si les épisodes judiciaires visant les méthodes de la compagnie irlandaise foisonnent, celui-ci est le premier à mettre ouvertement en cause deux personnalités de la haute direction.
Sont dans le collimateur des juges belges, trois cadres de l’aéroport de Charleroi (dit « Brussels South »), l’un des plus généreux pourvoyeurs de Ryanair en subventions de toute nature.Des liaisons suspendues
Un vent de panique s’est donc mis à souffler sur les autres aéroports ayant multiplié les amabilités à l’endroit de Michael O’Leary, d’autant que la plupart sont liés par contrat avec Ryanair pour dix ans, quand ce n’est pas quinze. A Valencia, en Espagne, les autorités locales ont immédiatement décidé de ne pas renouveler leurs « plans marketing » avec le transporteur low-cost. Résultat : Ryanair a fermé sans préavis toutes ses liaisons avec Valencia.
Idem à Fuerteventura, aux Canaries, où l’Irlandais a menacé de fermer ses lignes si l’aéroport dénonçait son « accord commercial de promotion ».
Pour Charleroi, c’est plus délicat, vu que Ryanair y a installé un véritable hub, engloutissant quelque 250 millions d’argent public. Toutefois, la compagnie a ouvert quelques lignes au départ de Lille, voisine de 80 kilomètres… Histoire de mettre la pression sur les Belges au cas où l’on persisterait à lui faire des tracasseries juridiques.
Une méthode mise en lumière
Voilà mis à jour le « système Ryanair » : la compagnie menace de tout plaquer si on lui résiste, quitte à laisser en plan des sites où les pouvoirs locaux, alléchés par la perspective d’un développement économique et touristique, ont lourdement investi dans les infrastructures et les aides –marketing et autres.
Ainsi, à Charleroi, dès qu’une grève ou une taxation des voyages aériens s’annonce, on brandit sur le champ le spectre d’un départ vers des cieux plus cléments et celui des nombreuses pertes d’emplois subséquentes. Les choses s’arrangent alors très vite, quitte à ce que le gouvernement belge soit forcé d’assumer une piteuse volte-face.
De son coté, la Commission européenne autorise la subvention à l’ouverture de nouvelles liaisons, à hauteur de 250000 à 300000 euros par nouvelle ligne ouverte sur une durée maximale de deux ou trois ans, selon les cas. Puis les aéroports locaux ajoutent au pot (marketing et ristournes en tous genres), quitte à avoir à le regretter. Ainsi, l’aéroport basque de Vitoria avait offert quelque 6 millions d’euros à Ryanair avant que la compagnie ne ferme sa ligne vers Londres Stansted, deux ans après son lancement.
Mi-octobre, c’est Toulon qui, trois ans exactement après avoir accueilli (et financé) une rotation régulière avec Londres, voit les avions à la lyre lui dire bye bye sous prétexte de crise économique. Comme par hasard, exactement à l’expiration de la légalité des aides reçues.
Des enquêtes en cours
La Commission européenne a, de son coté, lancé des « enquêtes formelles » sur une kyrielle d’aéroports européens (dont Pau-Béarn) englués dans le même système.
Et la Cour des comptes, dans un rapport rendu en juillet dernier, a stigmatisé les tombereaux d’argent public « investis » à perte par les Chambres de commerce dans les aéroports où l’on déroule le tapis rouge à Ryanair. Voilà qui ne fait rien pour rassurer d’éventuels candidats et pourrait signer la chute de tout un système.
Justement, on observe que les profits de Ryanair ont chuté de 47% au premier semestre 2008, alors même que la compagnie annonce des fréquentations record. Comme si les robinets à subsides étaient en train de se tarir soudain, obligeant les compagnies low-cost à augmenter les coûts annexes facturés aux voyageurs…
Des frais annexes qui multiplient le prix annoncé par trois ou quatre, selon les cas. Et qui, en hausse de 28% en 2007, représentent désormais quelque 18% des revenus des la firme. C’est ainsi que O’Leary peut se vanter d’un chiffre d’affaires en hausse, alors que ses profits, eux, dégringolent. Tant que la presse relaie docilement, pourquoi s’en priver ?
Action en chute libre
O’Leary n’est pas à un paradoxe près lorsqu’il s’est réjoui ouvertement de la crise financière qui va, a-t-il dit, favoriser son business. Mais ce chantre de la libre concurrence gros consommateur de subventions publiques n’a pas de mots assez durs pour réclamer que l’on « vire tous ces p… de fonctionnaires ».
Quant à lui-même, il s’est acheté une licence de taxi pour pouvoir rouler à son aise dans les couloirs de bus à Londres. A un journaliste qui lui demandait s’il trouvait ça bien civique, le redoutable irlandais a eu cette réponse cinglante :
« La dernière fois que j’ai vérifié, nous étions en démocratie. Je fais donc ce que je veux de mon argent. »
Depuis cet article de decembre 2008 l’action cote a ce jour 3.16€ avec une hausse de 3.52% depuis le debut de l’année…
- 31 juillet 2009 à 17 h 47 min #99015
eh bé 🙄
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