Air France est statistiquement « moins sûre que ses concurrents »
LEMONDE.FR avec AFP | 19.05.10 | 18h01Dure journée pour Air France. Alors que la compagnie s’apprête à publier une perte d’exploitation record pour son exercice 2009-2010, un livre sorti mercredi met en doute la sécurité même de ses vols. « Un problème qui ne semble pas être technique mais culturel », selon Fabrice Amedeo, l’auteur de La Face cachée d’Air France, pour qui « le management social pratiqué pendant une décennie et un certain laxisme ont une part de responsabilité dans cette réalité ».
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« Le Bureau d’archives des accidents aéronautiques classe Air France, avec 1 785 morts, deuxième compagnie la plus meurtrière de l’aviation civile derrière la russe Aeroflot », écrit Fabrice Amedeo.A le lire, le constat est accablant : « Air France est, mathématiquement s’entend, moins sûre que ses concurrents. Avant l’accident du vol AF447, le site Planecrashinfo.com la classait déjà en 21e position des compagnies européennes les plus sûres et 65e à l’échelle mondiale. De son côté, le Bureau d’archives des accidents aéronautiques classe Air France, avec 1 785 morts, deuxième compagnie la plus meurtrière de l’aviation civile derrière la russe Aeroflot. »
« MANAGEMENT DÉFICIENT »
Revenant sur l’accident du vol Rio-Paris en juin 2009, Fabrice Amédéo n’hésite pas à parler d’une « faillite collective du retour d’expérience » compte tenu des incidents déjà répertoriés sur les sondes Pitot. Selon lui, l’accident aurait même pu être évité si la compagnie avait équipé ses appareils, comme l’a fait sa concurrente allemande Lufthansa dès 2008, du système de pilotage de secours Buss, qui aurait permis à l’équipage de « poursuivre sa route en toute sécurité », même en cas de défaillance des sondes. « La direction du matériel d’Air France a refusé l’installation de cet équipement demandée par nombre de ses pilotes au motif qu’il n’était pas fiable ».
Selon le journaliste, la compagnie doit conduire une « véritable révolution culturelle pour éviter un nouvel accident dont elle ne se relèverait pas ». Dans un chapitre intitulé « Management déficient », il souligne que la « culture de la sanction est absente d’Air France, contrairement à ses concurrentes », que les pilotes sont « intouchables ». Résultat : Air France est une entreprise « où la remise en question est structurellement impossible et où des décisions de bon sens ne sont parfois pas prises ».
De son côté, la compagnie assure qu’elle « travaille continuellement sur des axes d’amélioration de la sécurité des vols ». Elle affirme avoir mis en place, en 2010, un projet baptisé « Trajectoire », censé « proposer et étudier des initiatives visant à l’amélioration de la sécurité des vols ». « La sécurité de la compagnie répond aux standards les plus exigeants de l’industrie aéronautique internationale », a réagi Air France dans un communiqué. « Elle respecte et se conforme à toutes les réglementations nationales et internationales en vigueur », a-t-elle ajouté.