Salon du Bourget: triste centenaire
Les avions d’affaires (ici, le Falcon 7X de Dassault) sont ceux qui pâtissent le plus de la crise. (Photo A. Ernoult)
lundi 08 juin 2009 | Publié 15:24 | Actualisé 15:49
La 48e édition du salon aéronautique s’ouvre lundi 15 juin prochain dans un contexte économique morose. L’industrie aéronautique française réclame l’aide de l’Etat.
Un crash meurtrier et inexpliqué, une crise économique sans précédent et des prix du pétrole de nouveau en hausse. Le salon du Bourget (15 au 21 juin) ne pouvait s’ouvrir, pour son centième anniversaire, dans un contexte plus morose. Malgré tout, les organisateurs restent optimistes. « Nous allons accueillir 2.000 exposants, ce qui est légèrement plus qu’en 2007, et 1.500 PME seront présentes, ce qui est un record », s’est félicité Louis Le Portz, commissaire général du salon lors d’une présentation à la presse.
Annulations
Si les deux géants Airbus et Boeing seront présents, les constructeurs américains d’avions d’affaires Gulfstream et Cessna ont annulé leur venue. « Le transport aérien n’est pas épargné par la crise. 2009 sera la première année depuis 2001 à afficher un recul du trafic, passager et fret. Ce recul touche particulièrement les avions d’affaires », a concédé Charles Edelstenne, président du Gifas (Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales) et PDG de Dassault Aviation.
Conséquence du retournement brutal de la conjoncture, l’industrie va devoir faire face à une chute des nouvelles commandes de la part des compagnies aériennes « reportées à des temps plus sereins », prévoit Charles Edelstenne. Airbus et Boeing ont ainsi vécu un début d’année atone. Sur les cinq premiers mois, Airbus a enregistré 11 commandes nettes d’avions, alors que Boeing en affiche zéro.
Contre-pied
Certes, le nombre record de commandes enregistrées au cours des dernières années devrait permettre au secteur de « passer le cap de la crise de manière moins catastrophique que ce que cela aurait pu être », a-t-il estimé. Mais les baisses de commandes « surviennent à un moment où l’ensemble de la profession avait dimensionné l’outil industriel pour augmenter le nombre de livraisons, afin de répondre aux besoins du marché », a expliqué le président du Gifas. Conséquence, il faut s’attendre à des réductions de production de la part des donneurs d’ordre. Avec tout ce que cela implique pour le tissu des sous-traitants: augmentation des stocks, diminution voire arrêts de production, et donc problèmes de trésorerie.
« Il est donc fondamental que l’Etat intervienne pour aider l’industrie à passer cette période difficile », a plaidé Charles Edelstenne, qui s’est par ailleurs félicité du volet défense de 1,7 milliard d’euros prévu dans le plan de relance du gouvernement. Le risque, si l’Etat n’intervient pas? Que des sous-traitants indispensables au secteur disparaissent faute de trésorerie et que l’industrie perde des compétences humaines rares, donc précieuses, en cas de plans de licenciements.
Aides publiques
Le Gifas demande à l’Etat d’épauler les PME dans le financement du chômage partiel et d’aider à préserver la trésorerie de ces sociétés. La venue programmée de Nicolas Sarkozy, du Premier ministre François Fillon et d’autres membres du gouvernement au salon du Bourget permettra à l’industrie de plaider sa cause.
Mais, hormis cet aspect lobbying, l’événement ne devrait pas franchement apporter d’éclaircie notamment au niveau des commandes. Pas de bis repetita après les précédentes éditions qui avaient été marquées par des niveaux de commandes records. Charles Edelstenne l’a concédé: « même s’il n’existe pas de chiffres officiels, le score de 2009 devrait rester inférieur à celui de 2007 ».
Guillaume Guichard