Pour le président du SNPL Air France, Philippe Evain, la direction de la compagnie aérienne est responsable de la situation de blocage actuelle qui engendre des millions d’euros de perte à chaque jour de grève. Les pilotes veulent être augmentés afin de rattraper la perte de pouvoir d’achat qu’ils ont subi suite au gel des salaires en 2008.
Selon lui la direction d’Air France n’est pas à la hauteur en n’acceptant pas les demandes des personnels Air France, elle fait même une faute grave, c’est en tout cas les propos tenus lors d’un entretien avec un journaliste de Libération :
C’est une grave faute managériale et pour ne pas l’avoir compris, la direction est de train de le payer très cher.
La direction d’Air France est donc seule responsable des millions d’euros parti en fumée durant les 4 derniers jours de grève. La direction serait même irresponsable de ne pas accepter :
Cette absence de prise de conscience a déjà coûté 100 millions d’euros partis en fumée en quatre jours de grève ! L’entreprise va bien et plutôt que de consentir aux salariés un juste retour de leurs années de travail et d’implication pour arriver à la situation actuelle, on préfère dilapider ces efforts en s’arc-boutant sur une position dogmatique et en refusant ne serait-ce qu’étudier les revendications de salariés très unis aujourd’hui dans ce combat plus que légitime. (…)Elle réalise, mais trop tard, qu’elle va devoir assumer les conséquences gravissimes de sa politique avec une grève qui ne peut que durer et qui ne faiblit pas, au contraire, au vu de la mobilisation de ce mardi.
Pour le SNPL la masse salariale n’est pas un problème, accorder une augmentation générale de 6% n’est pas un souci car les « problèmes » d’Air France ne sont pas au sein d’Air France mais dans l’environnement ou elle évolue, les taxes et charges sont, pour Philippe Evain, le vrai problème.
Sur ces dix dernières années, la compagnie a dû supporter des centaines de millions d’euros de coûts supplémentaires annuels par rapport à ses concurrents directs qui sont liés à des charges externes ne concernant ni les salaires, ni le carburant et les achats d’appareils. C’est elle qui l’écrit, il y a un différentiel de compétitivité d’un milliard avec les Pays-Bas en raison de taxes et redevances comme celles versées à Aéroports de Paris. Ces taxes et redevances, c’est 42% des dépenses de l’entreprise, 30% chez KLM.
Le SNPL sera présent aux prochaines réunions mais, si la direction n’accepte pas les revendications, la grève semble être le maitre mot.
On est ouvert au dialogue mais si la direction ne bouge pas d’un iota comme elle l’a fait jusqu’à aujourd’hui, cela ne va rien changer et la grève va continuer.
Il semblerait donc que le climat social ne soit pas prêt de s’apaiser au sein d’Air France et que les mouvements de grève deviennent récurrents dans les semaines à venir.
C’est incroyable d’être aussi obtus ! Dire que « la direction est en train de la payer très cher » est une ineptie : c’est toute l’entreprise qui est en train de la payer, ou qui va le payer très cher.
Avec 30% des grévistes chez les pilotes (beaucoup moins chez les autres personnels…), Philippe Evain n’arrive pas à comprendre qu’il y a 70% des pilotes qui ne sont pas d’accord pour faire grève sur cette plateforme de revendications. 70% de pilotes dont l’avis ne compte pas. Leur discours est juste hallucinant…
J’ai lu récemment dans la « presse syndicale » des critiques envers les pilotes qui ont des postes d’encadrement. On leur reproche, avec le temps, de ne plus être conscient de ce qu’est la vie d’un pilote dit 100%. Aucun syndicaliste ne s’applique le même raisonnement. A force d’être dans la contestation, ces « représentants du personnel » perdent complètement conscience de ce que veulent ceux qui les ont élus. Passer trop longtemps dans le syndicat mène à une forme de paranoïa et c’est comme ça que quelques « puissants » croient savoir mieux que moi ce dont j’ai envie ou besoin.
Il faut un renouvellement du SNPL. Vite !
Mr Evain n’est pas arrivé à la tête du Snpl Alpa en 2014 par une opération du saint esprit.
Il a été élu ainsi qu’une équipe par ses pairs sur un programme sans concession.
Il est trop simple aujourd’hui d’en faire un bouc émissaire, de découvrir en 2018 qu’il est « obtus »…y compris et surtout par ceux qui avaient voté pour lui.
Dans l’absolu, il n’a pas trop mal défendu les intérêts des pilotes.
Un article intéressant sur le projet de moralisation de la vie syndicale :
https://blogs.mediapart.fr/citoyen-spartacus/blog/300617/moralisation-des-syndicats-le-silence-est-dor
Au fait, vue que cette grève ne prends pas dans les médias;..il est temps pour l’intersyndicale d’envisager une action plus forte pour attirer enfin l’attention du gouvernement : un nouveau molestage public peut-être ?